En Grande-Bretagne, l'accès au cash s'invite dans la campagne électorale

Alors que les banques continuent de fermer des agences, la question de l'accès aux services financiers s'est invitée dans la campagne électorale. Le Labour propose de développer un réseau de « hubs » bancaires et de donner de nouveaux pouvoirs au régulateur pour garantir la continuité de l'accès aux services financiers.
Par Ingrid Feuerstein
Publié le 11 janv. 2024 à 16:03

Au Royaume-Uni, les fermetures à tour de bras d'agences bancaires depuis une quinzaine d'années ont fait naître l'expression de « désert financier » : des lieux où l'accès au « cash » se fait tellement rare que cela met en difficulté les populations les plus vulnérables.
Le sujet s'est même invité dans la campagne pour les prochaines élections, le Labour ayant fait des propositions pour développer un réseau de « hubs » bancaires et donner de nouveaux pouvoirs au régulateur, la Financial Conduct Authority (FCA), pour garantir la continuité de l'accès aux services financiers.
Action du régulateur
La FCA est déjà en train d'inaugurer de nouvelles possibilités ouvertes par une loi sur les services financiers adoptée en 2023 au Parlement. En décembre, elle a lancé une consultation, ouverte jusqu'en février, pour contraindre les banques à évaluer l'accès aux services financiers lorsqu'elles ferment une agence.
Comme en France , l'utilisation de l'argent liquide a considérablement reculé en Grande-Bretagne. La part du « cash » est passée de 61 % des paiements en 2007 à seulement 14 % en 2022. La pandémie a encore accéléré la tendance, avec le développement du paiement sans contact.
Mais le pays compte encore 3,1 millions de personnes qui dépendent de l'argent liquide dans leur vie quotidienne. Ce sont le plus souvent les ménages peu à l'aise avec le numérique ou parmi les plus défavorisés. Chez les utilisateurs gagnant moins de 15.000 livres (17.439 euros) par an, 14 % emploient encore du « cash » au quotidien, souvent parce que cela leur évite de trop dépenser au quotidien, selon une étude de London Economics.
40 % d'agences bancaires en moins
Dans le même temps, le nombre de points d'accès a chuté. Le réseau d'agences bancaires a fondu de 40 % entre 2012 et 2022, les banques ayant de plus en plus fait basculer leur modèle vers le numérique. Les retraits se font désormais le plus souvent auprès de distributeurs en libre-service dans les lieux publics comme les gares ou les supermarchés, mais là aussi, leur nombre est en léger recul.
Au global, le Royaume-Uni a perdu 4.701 points de retrait ces deux dernières années, en comptant les agences bancaires et les distributeurs de billets indépendants.

Restent les bureaux de poste, qui jouent désormais un rôle crucial dans l'accès à l'argent liquide. La poste britannique a en effet une obligation légale de couverture du territoire qui fait que 99 % de la population doit être à moins de 3 miles (4,8 km) d'une agence postale.
Nombreuses initiatives
Dans ce contexte, de nombreuses initiatives ont fleuri pour combler les « déserts financiers ». Le « cash back » sans achat est désormais proposé dans 2.500 magasins : les utilisateurs peuvent ainsi, avec leur carte bancaire, retirer du liquide à la caisse.
Le groupement « cash access UK » promeut également le développement de « hubs » bancaires. A Acton, dans la banlieue ouest de Londres, vient ainsi d'être inauguré un comptoir où NatWest, Barclays et Lloyds se relaient chaque jour pour offrir leurs services bancaires. Il y a près de 27 hubs de ce type en Grande-Bretagne. Mais il en faudrait sans doute encore plus pour couvrir le territoire. Dans leur plan d'action, les travaillistes veulent en ouvrir 350, s'ils arrivent au pouvoir.
Ingrid Feuerstein (Correspondante à Londres)