Suppressions d'emplois dans le secteur de la banque

Banques : plus de 60.000 emplois supprimés dans le monde en 2023 
Les géants bancaires ont renoué avec les grands plans de licenciements, comme en 2019 et 2015.

Les banques de Wall Street n'ont pas hésité à couper dans leurs effectifs, alors que la fusion entre UBS et Credit Suisse a occasionné de nombreux départs.
Par Romain Gueugneau

Publié le 27 déc. 2023 à 13:59

 

La crise bancaire a été évitée en 2023. Malgré la faillite retentissante du californien SVB , et le rachat en urgence de Credit Suisse par UBS, l'industrie a tenu bon. Mais le millésime a été marqué par d'impressionnantes vagues de suppressions de postes dans le secteur.

Cette année, au moins 62.000 emplois ont ainsi été supprimés un peu partout dans le monde, selon un décompte effectué par le Financial Times. Le quotidien des affaires s'est basé sur les rapports et les déclarations des grandes banques mondiales, mais il n'inclut pas dans son calcul les établissements plus petits. Le résultat pourrait donc être plus important.

Le bilan 2023 est le plus lourd depuis la crise Covid. En 2019, l'industrie avait supprimé près de 78.000 emplois, et en 2015 un peu plus de 90.000 (contre 140.000 lors de la crise financière de 2008). A l'époque, les grandes banques européennes souffraient des taux bas et se trouvaient contraintes de couper dans leurs effectifs pour préserver leurs marges.

Les banques d'investissement à la peine
Cette année, ce sont les géants de Wall Street qui ont contribué en majorité aux grandes vagues de licenciements. La remontée brutale des taux d'intérêt et le ralentissement des opérations de fusions-acquisitions (M&A) ont plombé l'activité des divisions de banque d'investissement, contraignant les grands groupes américains à réduire leurs effectifs, après deux années marquées par une guerre des talents et des embauches massives dans le secteur.

Wells Fargo s'est notamment séparé de 12.000 salariés depuis le 1er janvier, soit 5 % de sa main-d'oeuvre totale. Citigroup , Morgan Stanley, Bank of America et Goldman Sachs ont licencié chacune 3.000 à 5.000 personnes cette année.

Outre les suppressions de postes, le ralentissement de l'activité en M&A devrait aussi plomber les bonus et primes de fin d'année des personnels concernés.

Une fusion coûteuse
L'autre événement majeur sur le front de l'emploi cette année a été le sauvetage précipité de Credit Suisse, racheté en mars par sa rivale UBS. Le rapprochement entre les deux voisins zurichois a déjà occasionné le départ de 13.000 personnes , pour un effectif global de 116.000 employés à ce stade.

Les réductions d'effectifs devraient se poursuivre en 2024, alors qu'UBS a prévu de largement réduire la voilure dans la banque d'investissement de son ex-concurrente, source récurrente de problèmes dans le passé. Les premières estimations, effectuées peu après la fusion, faisaient état de 35.000 postes qui pourraient disparaître au total.

Ailleurs en Europe, les établissements bancaires n'ont guère touché à leurs effectifs. Il faut dire que l'année a été plutôt faste, avec des bénéfices encore en hausse, portés par un environnement de taux très favorable.

L'inconnue Orange Bank
Elle pourrait être plus compliquée en 2024, notamment au Royaume-Uni. Les deux géants bancaires Barclays et Lloyds préparent en effet des restructurations de grande ampleur , qui pourraient causer le départ de 4.000 à 5.000 salariés.

En France, le principal plan en vigueur concerne Société Générale, qui s'est engagé à supprimer 3.700 postes d'ici à 2025 dans le cadre de la fusion des réseaux avec Crédit du Nord. Des inquiétudes pointent aussi chez Orange Bank, qui emploie environ 700 salariés dont l'activité va être arrêtée. Un PSE est actuellement en discussion, alors qu' une nouvelle offre de reprise vient d'être déposée par le fonds d'investissement Ripplewood.

Enfin, BNP Paribas a annoncé en début d'année une réorganisation de son activité de crédit à la consommation . Celle-ci pourrait occasionner des suppressions de postes, en France et dans d'autres pays européens.

Romain Gueugneau